Les gamelles du 152
Le 152e c’est un beau régiment, Il a de grandes gamelles,…………
…….mais rien a mettre dedans !
Raoul, L’ INGENU QUI ROULA (v.Web), aime beaucoup chercher a comprendre l’Histoire qu’il vécut adolescent. Lui, comme des millions d’autres ont eu leur vie déviée irrémédiablement par la monstrueuse deuxièmeguerre mondiale de 1939 à 1945, époque douloureuse s’il en fut.
Dans notre monde actuel, presque virtuel, chaque incident où accident, proche où lointain, chaque vie et souvent sa perte, sont mis en valeur par des medias avides d’informations a lancer. On critique là-dessus, on approuve où on rejette, dans des appréciations très personnelles souvent superficielles. De ce fatras de scoops divergents et futilessortiraune conviction aussi arbitraire que souvent puérile. C’est le jugement des français dont beaucoup ont oublié l’hécatombe, ne connaissent plus leur grande et souvent triste Histoire et vivent leur présent dans l’assurance d’un futur pacifié pour toujours.
Pauvres de nous, combien d’entre vous seront encore plus vulnérables qu’à cette époque s’il se produisait une nouvelleconflagration mondiale ?
L’histoire que l’ INGENU vous raconte aujourd’hui est presque anodine dans une époque brutale et sans pitié. Elle illustre bien les états d’âme successifs de l’Armée.
En Juillet 1945, la guerre gagnée est terminée depuis deux mois. Dans la petite ville de SINGEN-HOHENTVIEL, sur le lac de CONSTANCE, le BODEN SEE) les allemands participent joyeusement à la Fête Nationale Française.
La musique du régiment donne le ton. C’est une musique militaire magnifique et disciplinée qui fait l’admiration des soldats et des habitants. Ils sont là comme chaque jour, nombreux au lever et au baisser des trois couleurs.
Cette musique surgie spontanément au sortir des combats, illustre la maîtrise du Commandement français et la sélection rapide des meilleurs éléments « amateurs » musiciens, pensions-nous !Ce n’est pas tout à fait ça. Soixante ans après racontons. On appelle cela maintenant une thérapie, et les temps passionnés du Pétainisme et de la résistance doivent être éteints entre les combattants civils et militaires de tous bords de cette époque.
Nous sommes en 1941. La garde d’honneur du Maréchal PETAIN, à VICHY, c’est le 15-2 avec sa musique et la 5e compagnie du 2e bataillon !
Avant de quitter VICHY, le 152e Régiment d’Infanterie défile devant le MARECHAL, l’Amiral DARLAN et cinq généraux.
Où sont les grandes parades militaires du passé ?‘Photo extraitede LA FRANCE CONTEMPORAINE (1971)
Ces soldats de profession forment une armée disciplinée et loyaliste. Ils ne resteront pas longtemps à VICHY. Le reste du régiment est à CLERMONT-FERRAND
En Mars 1942, les autorités envoient ces « Diables Rouges » du 15-2, c’est leur surnom depuis la grande guerre, surveiller la ligne de démarcation près de MONTLUCON.Ils y resteront jusqu’en Novembre 1942.
Intervient alors un chamboulement.
-le 8 Novembre 1942, les américains débarquent en Afrique du Nord
-le 11 Novembre 1942, les allemands envahissent la zone libre.
-Le 27 Novembre 1942, les allemands dissolvent l’armée d’armistice jugée dangereuse. Le 15-2 est bouté hors de son casernement de MONTLUCON par les envahisseurs.
Ces militaires ne sont ni des hors la loi, ni des résistants. Ils restent chez eux, à domicile, ce qui ne les empêche pas de conspirer. Dès fin 1942, ils s’ affilient à l’ ORA (Organisation de Résistance de l’ Armée) dont les instructions sont claires : les militaires de carrière n’ interviendront pas dans les combats générés par les maquis politisés : les Mouvements Unis de Résistance (MUR d’obédience Socialiste) et les Francs Tireurs Partisans (FTP d’obédience Communiste).L’armée reste en attente pour répondre aux nécessités d’un futur encadrement, qui ne sera effectif qu’après le débarquement du 6 Juin 1944.
Ils ne sont pas inactifs pour autant !. En début 1943, leur sens hiérarchique les maintient sous l’autorité du Général GIRAUD très proche du Maréchal PETAIN, mais les nécessités d’armement les conduisent à rechercher dès Mars 1943 un appui en armes, munitions et fonds du réseau britannique SOE par l’intermédiaire du Colonel lBUCKMASTER Ils reçoivent ainsi des parachutages qui tombent en de bonnes mains et sont camouflés.
Après le 6 Juin 1944, ils peuvent se lancer dans l’action entre l’Allier et la Loire. Ils « phagocytent » les maquis plus où moins glorieux (Estivareille, Mont Mouchet, Monts de la Madeleine, etc..) qui nécessitent un encadrement militaire, s’accaparent la notoriété de ces durs combattants du maquis, et freinent les groupes politisés communistes et socialistes qui voulaient s’octroyer la saisie d’une France exsangue et consentante. Cette prise en charge des maquisards ne fut pas simple, et les refus de monter au feu furent nombreux chez certains réfractaires.
Voilà comment une armée à peine formée mais bien encadrée participa dès le mois Août 1944 dans les Vosges aux rudes combats contre l’Allemagne, y tint courageusement sa part, et dans le plus bel esprit cocardier se vit soudain à la fin de la guerre complétée par une musique militaire prestigieuse sortie on ne savait pas d’où.
Bien joué, n’est-ce pas ?
VIVE le 15-2e régiment d’Infanterie,et VIVE LA FRANCE.
Le 15-2 et sa musique défilent le 18 Juin 1945devant l’Arc de Triomphe côte à côte avec la 4e Division Marocainede Montagne. (Photo extraite de la plaquette LA 14e D.I. AU SERVICE DE LA VICTOIRE (– Offenburg Octobre 1945)
RAOUL LETHUAIRE
